🔍 Comprendre : comment diagnostiquer le TDAH ?

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble du neurodéveloppement caractérisé par des symptômes d’inattention, d’impulsivité et/ou d’hyperactivité. Mais ce n’est pas “quelqu’un qui est distrait” : il y a des critères précis pour poser le diagnostic.

Voici les grandes étapes du diagnostic :

1. Repérer les signaux d’alerte

Certains signes peuvent éveiller une suspicion de TDAH :

Difficulté persistante à rester concentré, à organiser, à terminer des tâches.

Impulsivité : agir sans réfléchir, interrompre les autres, difficulté à attendre son tour.

Hyperactivité : agitation, incapacité à rester en place, besoin de bouger. Chez l’adulte, cela se manifeste souvent par une “agitation intérieure”.

Ces symptômes doivent durer au moins 6 mois et être inadaptés au niveau de développement de la personne.

Ils doivent apparaître dans au moins deux environnements différents (par exemple, à la maison et à l’école, ou au travail et dans la vie personnelle) afin de montrer qu’ils ne sont pas dus uniquement à une situation particulière.

Il doit y avoir une répercussion significative sur le fonctionnement (scolaire, social, professionnel).

Enfin, on recherche si certains symptômes étaient déjà présents avant l’âge de 12 ans (c’est un critère du DSM-5).

2. L’évaluation clinique spécialisée

Le diagnostic du TDAH ne repose pas sur un examen biologique ou une imagerie (scanner, IRM, prise de sang) : c’est un diagnostic clinique.

Quelques étapes typiques :

Entretien avec un professionnel spécialisé (pédiatre, psychiatre, neurologue, psychologue spécialisé dans les TND).

Recueil de l’historique : développement de l’enfant, antécédents médicaux, scolarité, comportements dans le passé et maintenant.

Utilisation d’échelles / questionnaires : par exemple l’échelle d’évaluation des symptômes du TDAH, des échelles d’inattention et d’hyperactivité.

Observation des comportements en contexte (école, travail, maison), éventuellement par des tiers (enseignants, proches).

Bilan complémentaire (neuropsychologique, psychométrique, bilan des fonctions cognitives) n’est pas toujours obligatoire mais peut être utile pour affiner le profil, détecter des troubles associés, orienter la prise en charge.

3. Particularités selon l’âge (enfant / adulte)

Chez l’enfant, l’hyperactivité motrice est souvent plus visible ; les questions d’adaptation scolaire sont centrales.

Chez l’adulte, l’hyperactivité est souvent moins manifeste, mais on observe plus d’agitation intérieure, de difficultés de gestion de l’attention, de l’organisation, de la planification.

Le seuil de symptomatologie est légèrement différent : par exemple, dans certains critères pour adultes, on exige 5 symptômes (au lieu de 6) pour certaines dimensions.

Il faut documenter que les symptômes remontent à l’enfance, ce qui peut nécessiter des entretiens avec la famille ou examen des dossiers scolaires.

4. Diagnostic différentiel et comorbidités

Il est important de vérifier que les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble (dépression, trouble anxieux, troubles du sommeil, troubles d’apprentissage, etc.). Le TDAH est souvent accompagné de comorbidités (troubles des apprentissages, troubles anxieux, troubles oppositionnels, etc.) auxquelles il faut prêter attention.

5. Annonce, restitution et suivi

Une fois l’évaluation terminée, le professionnel restitue les conclusions, indique si les critères du TDAH sont remplis ou non, et propose une prise en charge.

Le diagnostic doit être fait avec transparence, en expliquant ce que cela signifie pour la personne.

Un plan de suivi est établi (thérapies, aménagements, éventuellement traitement médicamenteux). En France, les nouvelles recommandations de la HAS renforcent l’importance d’une prise en charge précoce et coordonnée.

✅ Points essentiels à retenir

Le diagnostic du TDAH repose sur des critères cliniques (pas de test biologique).

Les symptômes doivent être présents depuis au moins 6 mois, sur plusieurs contextes, et avoir une incidence significative sur la vie quotidienne.

Le professionnel spécialiste (pédiatre, psychiatre, neurologue, psychologue) mène une évaluation approfondie avec entretiens, questionnaires, bilans, et historiques.

Le diagnostic doit être posé avec prudence, en tenant compte d’éventuelles comorbidités ou troubles ressemblants.